28 mai 2019
2
28
/05
/mai
/2019
08:28
Seconde tentative ...
Triathlète depuis 2011 sur des distances allant du XS lors de ma première année à du L en 2015, je rêvais de faire un "ironman"au moins une fois dans ma vie !
A la base je suis coureuse (de course à pied, pas de mecs ! quoique ...), toutes distances, tous profils, route et trails, pas mal d'ultras. Bref, arthrose + blessures diverses et variées m'ont fait bifurquer vers le triathlon.
Un léger problème cependant : je nage comme une enclume. J'aurais préféré écrire "je ne sais pas nager" comme beaucoup, car dans ce cas j'aurais eu tout à apprendre en partant sur de bonnes bases. Non, là je nage le crawl depuis mon adolescence, en autodidacte, très irrégulièrement, et donc avec BEAUCOUP de défauts !!!
Mes débuts en eau libre furent semblables à tous ceux qui passent de la piscine à de grandes étendues d'eau sans fond et sombres : panique, sensation d'étouffer, oppression ... Les bons conseils de Catherine Gance (que je connaissais sur le circuit trail) rencontrée sur le bord des étangs de Cergy m'ont bien aidée. (nb Cathy vient de boucler son 6ème Ironman !)
A force de persévérance j'ai bien progressé au niveau de mes sensations négatives, mais à peine au niveau de ma technique ! Et pourtant des cours j'en ai pris ... Particuliers, il va s'en dire. J'ai écumé quasi tous les profs du Val d'Oise en changeant de piscine à chaque fois (pour pas les recroiser, car ils sont tous en dépression maintenant! lol !) et je nage toujours aussi mal et lentement (2'20/100m).
J'ai donc débuté par un format "découverte" (XS = 750m de natation + 20 km de vélo + 5 km de course à pied) en 2011, puis rapidement des formats "olympiques" (M = 1500m + 40 km + 10 km), et enfin "longues distances"( L = 1900m à 2000m + 90 km + semi-marathon) jusqu'en 2015.
En parallèle à ces épreuves de triathlon, je continuais à pratiquer des compétitions de course à pied surtout, mais aussi des cyclosportives et quelques petites distances de compétition en eau libre. Je me suis aussi essayé au duathlon (cap + vélo + cap), ainsi qu'à l'aquathlon (natation + cap)
Je profite de l'émulation donnée par mon changement de club pour la nouvelle saison 2015/2016 (je quitte la Team Cap Triathlon de Versailles, pour le "TSF" Triathlon Sannois-Franconville) pour tenter ce qui représente pour moi la concrétisation de la discipline du triathlon, à savoir un IRONMAN ( = "full" ou XXL).
La distance à parcourir pour ce type de format est le double d'un L : 3800 mètres de natation en hors-d’œuvre, suivis de 180 km à vélo en plat principal puis un marathon (42,195 km) en guise de dessert.
Je n'ai qu'un seul but alors, en faire un et un seul, et du coup je préfère le choisir appartenant au circuit Ironman (label américain d'origine, racheté par un groupe chinois ensuite).
Budget limité oblige je préfère rester en France. Deux choix possibles alors : le mythique Ironman de Nice en Juin, celui par qui tout a commencé dans les années 80 en Europe, ou celui de Vichy fin Août.
Le premier se déroule en mer. J'ai déjà du mal à nager en lac lorsque le clapot est un peu fort, alors en mer si par malheur il y a du vent, très peu pour moi. J'opte donc pour celui de Vichy dont la natation se déroule dans l'Allier avec deux boucles distinctes à effectuer, dont une sortie "à l'australienne" entre.
Début d'année 2016 je m'offre "la bible" de l'entraînement pour un ironman, le livre de Guy Hemmerlin : "de 0 à 126 km".
Six mois d'entraînements détaillés semaines après semaines, que je commence fin février afin que la clôture de celui ci tombe pile poil avec le dernier dimanche du mois d'Août.
La charge d’entraînements qui augmente progressivement ne me fait pas peur, je suis une adepte du "no pain, no gain". J'ai du temps de libre, je suis célibataire et mon fils est à l'étranger, c'est le moment où jamais.
Petit détail cependant, oh, un rien, une broutille, lol : je ne suis toujours pas inscrite !!! Boule au ventre à l'idée de me lancer enfin. Etre si ridicule ne me surprend qu'à moitié, je suis une vraie "pétocharde"dés qu'il s'agit d'épingler un dossard (ou de passer un examen, un entretien, liste non exhaustive ...), alors que j'ai un mental d'acier pour m'infliger des heures et des heures d'entraînements ...
Au bout de deux mois (quand même !), petit clic qui me vaut un gros choc (et je ne parle pas du prix de l'inscription !!!) je me lance enfin : je suis incriiiiite !!!!
Ma vie change soudainement du tout au tout. A moi les cauchemars qui peuplent dorénavant mes nuits (les matins plutôt, car la nuit je travaille !), à moi les doutes qui s'installent sur ma charge d'entraînement (en fais-je assez ? je questionne à tout va les copains qui en ont déjà réalisé un et c'est pire !), à moi le frigo vide car je n'ai même plus le temps d'aller faire les courses, adieu les soirées amicales, etc, etc. Bref, je me prépare ...
En Mai je cours le marathon de Copenhague avec mes copains du casino, mi-Juin je participe au triathlon L de Beauvais en préparation. Un gros contingent du club est présent, je suis sur place dés la veille, j'ai repéré le parcours les jours précédents, en un mot "j'en veux". Un peu trop ... Je réalise un chrono de 5h28, de très bon augure, mais qui révèle en fait que je me suis donnée à fond sur cette épreuve, pas top à deux mois de mon objectif principal.
Fin juin, afin de mettre toutes les chances de mon côté, je pars à Vichy deux jours afin de réaliser un week-end "choc" dans les trois disciplines et de repérer les lieux.
Et ce qui devait arriver arriva, à l'occasion d'une banale séance de fractionné début juillet : coup de poignard dans la fesse gauche qui me cloue sur place et m'oblige à rentrer en marchant. Trouver un médecin en ce début d'été n'est pas évident. Examens bidons, rien d'anormal à signaler, repos prescrit, en course à pied à minima. Je m'octroie 15 jours et à la reprise je ne peux plus que trottiner. On fera avec l'endurance acquise au long cours.
L'échéance approche, le stress augmente, ma fatigue aussi et mes kilos s'envolent ... Je n'ai pas réussi à avoir des congés avant le fameux week-end et j'arrive, sans le réaliser, épuisée le vendredi à Vichy. Je fais la connaissance d'un triathlète du VMT, Jacques, ami commun de mon meilleur ami dans la discipline, Philippe, pour qui c'est le premier aussi, et avec qui partager mes inquiétudes. Mais il a la chance d'avoir une épouse sophrologue lui !
Et pour clore toute cette série de déveine, la semaine a été caniculaire. Résultat, la température de l'Allier a augmenté comme souvent, dépassant les 24° ce dimanche matin à 7h = combinaisons interdites !!! (dans la réglementation fédérale, elles ne sont autorisées que jusqu'à 24°). Cette nouvelle m'achève. J'avais déjà froid au bout de 45 mn dans ma piscine habituelle avec une eau à 28°, alors ! Faut dire que descendue à 46 kg (poids de forme = 50) je n'avais plus de réserve de protection ...
Je m'étais positionnée dans le sas des "1h30", donc dans l'un des derniers, et lorsque ce fut mon tour de sauter je m'étais déjà bien décomposée avant.
Je n'ai réellement pu nager que sur les premiers mètres, non pas que j'étais bousculée par les autres nageurs (nous ne sautions que 3 par 3), mais je fus dés le départ perturbée par le fort clapot de l'eau : nous partions à contre courant, mais le long du rivage, ce qui renvoyait les remous des bateaux de surveillance, très déstabilisants ! Ceci rajouté à mon angoisse de ne pouvoir boucler la distance sans aide à la flottaison de ma combinaison ... Petit à petit j'ai bien senti que je nageais de moins en moins vite, avec une sensation d'engourdissement qui me gagnait peu à peu. Au demi-tour je me suis vite rendue compte qu'il n'y avait plus que 2 ou 3 nageurs derrière moi : panique ! Du coup je me suis mise à brasser, mais dés que je tentais à nouveau de mettre mon visage dans l'eau un sentiment d'oppression m'envahissait. Et pourtant un kayak me suivait de près tout du long, au cas où. Je sorti enfin de ce calvaire en jetant un rapide coup d'oeil à ma montre : 1h13 pour parcourir la première boucle de 1900 mètres !!! (bon, j'avais 2100 au compteur, mais peu importe). Que faire ??? Repartir pour la seconde boucle à réaliser en moins de 47 mn puisque le délai limite était de 2h, ou stopper là ? Pas le temps de trouver la réponse qu'un secouriste me planta son thermomètre dans l'oreille : 35° !!! En pleine crise d'hypothermie je fus obligée de déclarer abandonner et immédiatement transportée sous la tente médicale. Une fois réchauffée je passais le reste de la journée à sangloter tout en encourageant mon nouvel ami qui lui réussissait brillamment son premier ironman.
Bilan de ce week-end très riche en émotions diverses et variées : énorme déception certes, beau trou dans mes finances pour rien, mais l'intuition que ce matin là j'avais enfin déposé un énorme stress que ne revivrai plus pour rien au monde. Je réalisais que ce type de distance était à ma portée à condition d'y apporter quelques ajustements préalables. Quatre mois plus tard, je me faisais opérer de ce que je ne croyais être qu'un simple claquage de mon iscio jambier et qui s'était avéré être en fait une rupture quasi totale de ce dernier : si j'avais commencé le circuit marathon à Vichy je n'aurais jamais pu le terminer de toute façon !
Le temps passe, des copines du club réalisent leur premier ironman, je me rétablis progressivement et les compétitions reprennent. J'enchaîne surtout les triathlons et les cyclosportives durant la saison 2017/2018, car en formation professionnelle pour apprendre tout de la mécanique et de la vente des vélos, cela me laisse enfin la totalité de mes week-end de libres !
Une fois le précieux sésame en poche (CQP Technicien du cycle) à l'automne dernier, je reprends mes fonctions au sein de mon entreprise.
Nous sommes en Octobre et je décide en une semaine de douce folie, de finaliser l'ensemble de ma future année sportive 2019 en fonction de mes congés professionnels. Et sur le papier tout semble topissime !
Et hop, je sens le besoin irrépressible d'à nouveau tenter le saint Graal : un "ironman". 56 ans c'est le moment où jamais. J'opte pour le Frenchman, anciennement dénommé " l'Ironman du Médoc" ou "Ironmédoc" (mais rapidement attaqué sur ce point par le géant asiatique) à Hourtin (Gironde) le 1er juin 2019. Natation en lac avec une barrière horaire très large de 2h15, parcours vélo modifié en une seule boucle ultra plate et roulante sans autre difficulté que le vent assez habituel, et course à pied sans aucune difficulté non plus... sur le papier.
Je convaincs mon meilleur ami du TSF de m'y accompagner. Anto n'hésite pas longtemps, blessé la saison dernière, son désir de longue distance le démange furieusement. Un nouveau venu au club, Phil est lui aussi partant. Aucun des deux n'est novice sur la distance et de ne pas me savoir seule dans cette nouvelle aventure me rassure énormément.
En attendant je m'entraîne pour le marathon de Valencia début décembre avec mon équipe de collègues du casino. Bonne préparation, mais chrono décevant de 3h52 : je ne supporte décidément plus de courir sous la chaleur ...(et dire qu'il y a 14 ans je terminais 2nde féminine du Marathon des Sables !!! Mais bon, la ménopause est passée par là ...)
Froid/chaud/froid : je termine l'année 2018 et commence la nouvelle par une belle bronchite qui se transforme rapidement en pneumonie que même les antibiotiques ne parviennent pas à soigner. Deux mois de galère, entraînements minimum, fatigue maximale. Et dire que j'avais prévu de débuter les 6 mois de préparation début janvier !
Je n'opte pas tout de suite par les entraînements du livre de Hemmerlin, mais par un plan glané dans le magazine "Triathlète", couplé aux conseils du blogeur François Kartheuser. Je pioche à droite et à gauche, pas très constructif tout ça ...
Au bout d'un mois je reviens à mon précieux bouquin... que je suis plus ou moins selon mon agenda professionnel, la météo, ma fatigue, bref, je m'adapte.
L'hiver est pourri, mais en même temps ça ne change pas de chaque hiver, sauf que la mémoire a tendance à zapper les mauvais moments. Je fais partie de ceux qui roulent (à vélo, sinon trop fado ! lol) par tous temps, parfois à mes risques et périls (belle chute sur une plaque de verglas en mémoire) : pluie, vent et tout le tralala
De février à début mai j'augmente peu à peu les distances dans chaque discipline lors d'un entraînement hebdomadaire : de 10 km en 10 km à vélo pour arriver aux 180 km au moins 2 fois avant le 1er juin; de 200m en 200m lors d'une séance en natation dans un bassin de 50m non stop en enchaînant les longueurs (sans pull boy mais avec un jammer en néoprène histoire de battre les jambes un minimum quand même tout en tentant de flotter) jusqu'à fin avril en piscine puis en eau libre en combinaison néoprène dans le lac de Cergy (eau trop froide à mon goût avant !); et en course à pied en suivant une prépa type marathon habituelle avec 2 ou 3 séances de plus de 25 km.
Le reste des séances se déroule avec du travail qualitatif (en opposition au travail quantitatif que je viens de décrire) : éducatifs en natation, quelques séries "rapides", VMA et travail au seuil en cap, vélocité + force à vélo avec des séries effectuées le plus souvent sur la piste réservée aux cyclistes à Longchamp propice à ce genre de travail.
Ce sont ainsi des semaines avec 3 à 4 entraînements de course à pied (50 km environ/semaine), 3 sorties à vélo (jusqu'à 400 km dans une semaine), et 3 séances de natation (cumul max dans cette discipline = 7000 mètres).
Je demande à mon corps de s'adapter constamment car il n'y a pas une semaine qui ressemble à la précédente : je sors en fonction de mon agenda professionnel mais aussi en fonction de la météo du jour : aucun horaire pré-défini, pas de jour fixe dans telle ou telle discipline, etc.
Et ce sont ces multiples adaptations qui renforcent ma forme physique jusqu'au jour J.
Je roule et cours environ 3 fois / semaine parfois 4 pour la cap, et nage 2 à 3 fois parfois aussi. Avec donc des journées durant lesquelles j’enchaîne 2 disciplines consécutivement : natation + cap ou vélo + cap
Dans mes petits aménagements réalisés par rapport à mon entraînement pour Vichy je fais attention à 3 choses : je me garde une journée de repos/semaine dans la mesure du possible (repos sportif j'entends), je dors jusqu'à plus sommeil (sauf contrainte obligatoire) et je continue de manger à ma faim (c'est à dire beaucoup !) avec compléments alimentaires histoire de ne manquer d'aucun nutriments.
Mes petits plus n'auront plus de secrets pour vous ! Enfin pas la peine d'utiliser ceux contre l'arthrose si vous n'en souffrez pas ...
Je passe de 15h d'entraînements cumulés par semaine en février/mars à plus de 20h en avril, pour réduire à nouveau à 15h en mai à l'approche de l'échéance.
Ces heures d'entraînements se cumulent à mes 40h de travail hebdomadaire : mes fonctions de "chef de table" au Casino d'Enghien-les-Bains avec pas mal d'heures sup histoire de mettre du beurre dans mes pâtes, et mon boulot extérieur d'agent d'entretien (femme de ménage quoi !) dans mon immeuble.
Le triathlon est un sport extrêmement onéreux, entre le prix des dossards, les déplacements et le matériel (surtout pour le vélo) j'y laisse un bras à chaque saison.
Du côté des épreuves préparatoires je participe à des courses : un trail de 10 km en février, un semi-marathon en mars, un 10 km sur route en avril, mais l'épreuve clef reste le triathlon de format L à Lacanau en mai, pile poil un mois avant mon XXL.
En effet, tout comme il est bon de s'aligner sur un semi à un mois d'un marathon dans l'optique d'une répétition générale de la distance divisée par 2, ce format L englobe exactement les distances des 3 disciplines divisées par 2 de mon futur "ironman".
Et cerise sur le gâteau, une bonne partie du parcours vélo sera reprise lors du Frenchman, les deux triathlons se déroulant dans la même région de Gironde à quelques km de distance seulement.
Je profite des quelques jours passés à Lacanau avant la course pour aller repérer les 3/4 du parcours vélo du Frenchman à l'occasion d'un belle sortie longue. Plat, roulant avec le vent comme compagnon de route.
De nature anxieuse, je pratique la visualisation mentale sans le savoir depuis le début de ma pratique de la compétition (en tant que musher au départ, dans ma première vie il y a plus de 30 ans !) et pour cela j'ai toujours eu besoin concrètement de reconnaître mes futurs parcours de compétition (dans la mesure du possible). Cela me rassure énormément. J'ai une mémoire dite visuelle qui m'aide à anticiper les éventuelles difficultés que je rencontrerai le jour J.
Je prévois tout dans les moindres détails, je m'imagine différents scenarii avec des plans B voir C au cas où ...
Hors de question non plus d'arriver à l'arrache comme à Vichy 2 jours avant l'épreuve ! J'ai aussi choisi le Frenchman car la date tombait durant mes vacances (je ne peux pas choisir mes dates de congés), alors je suis sur place 10 jours avant et j'en profite pour m'imprégner des lieux et de l'ambiance qui s'y installe progressivement (d'autres formats de course ont lieu les jours précédents et c'est une véritable fête du triathlon qui s'organise dans la commune !)
Tout en allégeant considérablement ma charge d'entraînement afin d'arriver parfaitement affûtée et reposée le jour J, j'en profite néanmoins pour reconnaître les quelques km qui me manquaient sur le parcours vélo, et rouler à nouveau en fractionnant la distance sur la partie que j'avais déjà repérée un mois avant.