Depuis que la course à pied m'est devenue de plus en plus douloureuse (arthrose des genoux) en 2007, le vélo est rentré dans ma vie à 45 ans !
J'avoue au départ j'ai eu du mal ... à apprécier ce nouvel effort, à mettre en place des entraînements spécifiques dans cette nouvelle discipline, à me dégager du temps pour aller rouler (activité TRÈS chronophage !) et tout simplement à comprendre ma monture.
Et puis tout s'est mis en place progressivement. De fil en aiguille au grès des rencontres, des bons conseils, de mes lectures, de ma mutation sportive de la course à pied vers le triathlon (2011), de ma solitude retrouvée (l'oiseau ayant quitté le nid familial et me dégageant des plages de loisirs rallongées), de ma formation de mécanicienne, le vélo a pris de plus en plus de place dans ma vie de sportive et le plaisir d'aller rouler de plus en plus conséquent.
"Faire du vélo" peut se pratiquer de multiples manières, un peu comme en course à pied. Le sprinteur sur 100 mètres est un coureur, au même titre qu'un ultra marathonien. Pourtant un monde les sépare. C'est pareil avec le vélo. Entre les purs compétiteurs sur différentes distances, les randonneurs, les triathlètes, les vététistes, les cyclosportifs, les vélotaffeurs, et j'en passe; chacun sachant appuyer sur des pédales pourra trouver son bonheur dans sa discipline de prédilection.
Pour ma part, adepte des efforts au long cours en course à pied, c'est tout naturellement que j'ai pris de plus en plus de plaisir à rallonger certaines de mes sorties à vélo au fil du temps.
J'ai passé l'âge des efforts explosifs depuis longtemps, je ne serai jamais Jeannie Longo ! lol
J'ai participé à ma première longue cyclo avec feu la "Paris-Honfleur" en 2013 (218 km en 8h30), puis ai goûté à la montagne, participé à deux "Etape du Tour"(2018 et 2019), d'autres cyclos de différentes distances, mais mon plaisir favori reste solitaire : rouler seule et longtemps.
L'hiver dernier, lorsque je planifiais scrupuleusement comme à mon habitude, ma saison sportive à venir (quelques triathlons de préparation printaniers avant un Ironman en Espagne à la mi juillet) j'envisageais d'enfin me programmer sur deux de mes jours de repos en août, le fameux "Paris-Londres" à vélo. Truc qui me trotte dans la tête depuis 2 ou 3 ans.
Evidemment tout ce beau programme est tombé à l'eau avec la pandémie et cerise sur le gâteau, le Royaume Uni instaure une "quatorzaine" obligatoire pour tous les ressortissants français arrivant sur son territoire dès la mi-août.
Déclarée "salariée vulnérable" (problèmes pulmonaires) et à ce titre toujours au chômage partiel depuis la mi-mars, l'hyper active que je suis a tout loisir d'occuper son temps libre à travers mes différentes pratiques sportives, et mon naturel indépendant et solitaire me permet de ne pas (trop) souffrir de ne côtoyer qu'un nombre TRÈS réduit de personnes de mon entourage proche.
Alors après avoir repris l'entraînement cycliste en extérieur dès la fin du confinement (home trainer un jour sur deux pendant), je rattrape vite mon retard sur les routes ultra plates des Landes en juin, puis sur celles ô combien pentues des Hautes Alpes en juillet. Et en août alors ?
Ça me prends comme une envie de glace au chocolat : ma meilleure amie étant partie se reposer comme chaque année au mois d'août dans sa maison familiale du Cap Ferret, je me dit "et pourquoi ne pas la rejoindre quelques jours ?" ... à vélo évidemment !
Mais entre la météo qui se dégrade brusquement et les allées et venues des différents membres de sa famille il devient très compliqué de caler une date. Et puis comment remonter en TGV avec l'obligation que le vélo soit démonté et rangé dans une housse ? Envoyer la dite housse et quelques affaires civiles par la Poste au préalable ? Trop lourd, délai trop juste ...
C'est un ami de mon club à qui j'en parle qui me donne l'évidente solution :
"fais le chemin inverse !"
En moins d'une semaine je trace alors mon parcours sur Strava : 645 km en quatre étapes. Je m'aide de l'itinéraire vélo proposé par Mappy, le but étant de rouler sur le moins de kilomètres possibles, tout en évitant les grosses artères et les chemins de terre de certaines pistes de VTT !
Je ne possède pas (encore) de "randonneuse", ce type de vélo conçu pour être solide et transporter tout un tas de bagages. C'est pour cela que mon périple doit être le plus court possible. Mon vélo choisi sera donc tout naturellement mon Roubaix de Specialized, typé confort.
Je l'équipe d'une simple sacoche de cintre à l'avant, de mon habituelle réserve alimentaire fixée sur le tube horizontal, de deux bidons à l'arrière remplis du parfait nécessaire en cas de problème mécanique et de réparation, et le reste dans mon sac à dos.
Je réserve mes deux billets de trains la semaine précédant mon départ, le TGV de Paris Montparnasse pour Bordeaux, le TER de Bordeaux pour Arcachon, puis le bac qui me fera traverser le Bassin d'Arcachon et débarquer sur la pointe sud du Cap-Ferret.
Mon aventure commence le jour du départ : le vélo dans une main, le sac contenant ma housse de transport dans l'autre, et mon sac à dos XXL Huub de triathlon contenant le sac du retour à vélo, mes sacoches, de quoi nager, courir, dormir, dîner en famille et profiter de ces deux jours au Cap Ferret. Bref, chargée la petite Nini.
Heureusement que la ligne H me déposant à la gare du Nord passe en bas de chez moi ! Les vélos sont autorisés dans le RER (sauf aux heures de pointe) mais pas dans le métro. Je descends tant bien que mal vers la rame me conduisant jusqu'à Denfert-Rochereau d'où je marche jusqu'à la gare Montparnasse. J'ai bien fait d'avoir pris de la marge : c'est pire que dans un aéroport là !!! Des sas pour chaque TGV où s'entassent (sic) les voyageurs durant 1h avant que les fauves soient lâchés vers leur quai. Quel boxon !
On me somme de démonter mon vélo et de le ranger dans sa housse. C'est plié en 2 mn, mais quelle galère pour le transporter maintenant ce sac ! La bandoulière sur mes épaules il traîne encore par terre, il me manque 10 cm Maman, lol . Je dois le porter à bout de bras, heureusement que j'ai fait de la muscu durant le confinement !
TGV ok. Dans le TER le vélo peut être remonté. J'ai un peu de mal avec la roue arrière, pas habituée aux axes traversants d'une roue à disque. Un gentil monsieur qui est monté avec son VTT me propose son aide. Nous papotons jusqu'à son arrêt à la Teste-de-Buch. Du coup je pense à un ancien collègue Mathieu, fan de surf, reparti vivre chez lui ici il y a quelques années et qui a monté sa petite société de croisières sur le Bassin d'Arcachon.
A Arcachon je galère un peu pour trouver le quai du départ, mais heureusement je ne marche que 15 mn. Il fait beau et chaud. Je me positionne dans la file d'attente avant d'embarquer, et lorsque c'est mon tour de monter, empêtrée avec mon vélo et mes sacs, un gentil gars me propose son aide : "t'as besoin de moi chef ?" Purée !!! C'est Mathieu !!! Masqué comme tout le monde et ses beaux yeux bleus cachés sous ses lunettes de soleil je ne l'avais pas reconnu ! Son bateau est en panne, du coup il aide à la compagnie des bateliers d'Arcachon.
Je suis super contente mais ces retrouvailles ne sont que de courte durée car mon bateau part. 30 mn plus tard me voici débarquant au Cap-Ferret. Mon amie Claire m'y attend, embarque mes sacs dans son véhicule tandis que je regagne sa magnifique villa à vélo.
Je suis logée dans une petite dépendance jouxtant la villa. Les repas se font en extérieur sur la terrasse et le soleil est de la partie pour ces 2 merveilleuses journées. Footings à jeun le matin pendant que tout le monde dort encore, bronzette sur la plage l'après-midi, nage à marée haute dans le Bassin et rosé à l'apéro, la vie est belle.
Je peaufine mes petites affaires la veille. Une petite sacoche imperméable pour chaque fonction : la trousse de toilette réduite au minimum et premiers secours, celle des vêtements pour le change/nuit (sous vêtements, caleçon, t-shirt et tongs), celle pour tout ce qui est chargeurs et câbles (pour le téléphone, le GPS, la montre connectée, les lumières du vélo + une batterie de recharge, celle des barres (Feed) et poudres énergétiques (Overstim's) et un sachet repas de secours au cas où, un mini antivol, des masques chirurgicaux, mon parcours découpé dans une carte routière (trop prévoyante ?) mine de rien mon sac pèse un peu plus de 3,5 kg.
Un peu d'appréhension quand même. Que mon GPS plante (il est obsolète et tient mal la charge); que mon tracé comporte des erreurs (genre je me retrouve dans un champ ce qui m'est déjà arrivé) et vu mon manque total de sens de l'orientation ce serait risquer de me rajouter des km inutiles; que je n'ai pas le niveau physique pour enchaîner autant de km à la suite sans jour de repos (là j'en connais qui vont rigoler).
Le manque de confiance en moi est l'un de mes (nombreux) défauts.
Rouler 180 km et plus en une traite je sais faire et l'applique au moins 2 fois/mois. Rouler autant sur 4 jours avec 3,5 kg sur les épaules et 3 kg sur le vélo même sur des parcours plus ou moins plats c'est l'inconnu.
L'année dernière nous avions roulé avec mon club de triathlon 175 km pour aller jusqu'à Dieppe et idem le lendemain pour rentrer. Mais je n'étais pas seule. L'effet du groupe booste, et rouler dans l'aspiration des roues de celui qui vous précède aide énormément.
Je me souviens que lorsque je pratiquais la course à pied sur des épreuves par étapes, la forme augmentait crescendo contrairement à ce que l'on pourrait croire, le troisième jour étant le must.
Mais à vélo ?
Je pars au lever du jour pour cette première étape. Je dois remonter tout le long des multiples bourgs qui composent le Cap-Ferret via la piste cyclable, traverser le Médoc jusqu'à prendre un bac à Lamarque pour rejoindre Blaye en face.
Ça commence bien, je galère à retrouver le début de la piste cyclable dans les rues encore désertes du Cap-Ferret. Heureusement qu'un gentil monsieur promenant son chien me remet dans le droit chemin !
Je réussis même à me planter de direction sur la piste. Mal réveillée ? Je suis encore dans le stress de l'inconnu et du coup apte aux erreurs d'orientation.
Bon, après quelques km (2 h ! lol) et au moins deux arrêts pipi je me sens enfin "dans" mon trip. Je roule pas mal. Protégée du peu de vent. Il y a du soleil mais ce ne sont plus les grosses chaleur non plus. Une météo idéale. Je traverse différents vignobles au noms évocateurs pour les amateurs de crus de l'Entre deux Mers et du Médoc.
Je m'étais fixée pour objectif d'arriver un peu avant midi à Lamarque afin d'avoir le temps d'embarquer sur le bac partant à midi 30. Mais je suis à moins de 3km du quai d'embarquement à 10h45 et un bac part à 11 h ! Ce serait bête de le louper.
J'appuie sur les pédales, me faufile à travers le flot des voitures patientant pour embarquer, et finalement à 10h55 je suis sur le bateau avec mon vélo. Quel temps de gagné !
La traversée de l'Estuaire de la Gironde est rapide, et moins de 30 mn plus tard je repars de Blaye ultra motivée. J'ai déjà roulé 80 km depuis mon départ, il m'en reste presque 90 jusqu'à mon point de chute à Jarnac à l'est de Cognac.
Par précaution j'avais recouvert ma selle d'origine (Power Specialized) d'une housse en gel trouvant que le poids du sac avait l'inconvénient de m'enfoncer sur mon assise et ré-activant mes anciennes douleurs aux ischios.
Malheureusement cette option perturbe ma hauteur de selle dés le départ et de plus une douleur s'installe inexorablement sur mes parties intimes au fur et à mesure des km m'obligeant à rouler en danseuse de plus en plus fréquemment.
Je ne pense sur le coup qu'au poids du sac et pas du tout à la housse en gel cependant. C'est tout juste si j'apprécie de longer la Charente !
L'arrivée à mon hôtel est une délivrance après 170 km et un peu plus de 7h passées à rouler.
Je suis dans un Logis de France.
Une bâtisse magnifique dans un endroit superbe, tenue par un couple de septuagénaires britanniques. Je me suis faite plaisir sur ce coup là !
Au demeurant je n'avais pas eu trop le choix en peaufinant mon voyage : trouver des hôtels ouverts au mois d'août en traversant la campagne française n'était pas aisé à moins de trop raccourcir ou rallonger mes étapes.
Dîner gastro, il fait un peu frais cependant à l'extérieur et je ne traîne pas avant d'aller me coucher. La chambre est très confortable et décorée avec le charme anglais mais mes douleurs sont réelles. J'ai l'impression d'avoir le sexe totalement tuméfié et ma nuit est pénible du coup.
Le petit déjeuner n'étant pas servi avant 9h, j'ai eu droit à un plateau de reine préparé par la cuisinière la veille, avec bouilloire pour mon café à l'aube. Je décolle à 7h30 ce matin, motivée pour la seconde étape, la plus longue de mon périple. J'ai viré la housse en gel et effectivement mis à part mes douleurs résiduelles, ça va beaucoup mieux.
Des vignes, des vignes et encore des vignes. Le raisin n'est pas loin d'être vendangé. Pas de souci en cas de fringale ! Tous ces beaux vignobles sont destinés à la fabrication du Cognac.
Je traverse de charmants villages. Comme hier quelques arrêts pipi durant les deux premières heures. J'en profite pour faire des photos. Ensuite ma transpiration est telle que mes reins sont en mode veille. Mes deux bidons de 700ml me permettent de tenir 6h. Que la France est belle !
J'en profite d'autant plus aujourd'hui que le vent est favorable, dans le dos, bien que très modéré.
La Charente, puis la Vienne, je fais une courte halte à Chauvigny, qui sera la 12ème étape du Tour de France dans 3 semaines. La ville est décorée comme il se doit pour l’événement et le revêtement des routes nickel. Je refais le plein d'un bidon dans un café, il me reste un peu plus de 50 km à parcourir.
Me voici dans le Centre/ Val de Loire et après 7h30 d'efforts pour 184 km, je débarque à une quarantaine de km de Châteauroux dans la Brenne, à Mézières-en-Brenne.
Cette région est une découverte pour moi, et ça tombe bien car cette nuit je dors dans un gîte au dessus de l'Office de Tourisme très bon marché de surcroît. J'en profite pour prendre quelques documents histoire de découvrir sur le papier l'histoire et la géographie de la région avant de la traverser demain. Une bonne bière à potasser tout ça avec les derniers rayons du soleil de la journée et je regagne ma chambre après m'être ravitaillée à la supérette du coin.
La région est composée de multiples étangs créés artificiellement au XIIème siècle afin de réguler les inondations dévastant les cultures, et Mézières -en-Brenne est traversée de charmants canaux où je ne doute pas que les moustiques ont du élire domicile.
Le point positif ? J'ai un dortoir de 4 personnes pour moi toute seule, Covid oblige, et une cuisine est à disposition pour mon petit déjeuner demain matin.
Le point négatif ? Un beau mariage a eu lieu cet après-midi et tous les jeunes infortunés de la noce ont réservé ici ...
Et ce qui devait arriver arriva. Entre 2h et 4h du mat', ils sont rentrés par petits groupes complètement éméchés et terriblement bruyants. Éclats de rire, porte qui claquent, j'ai été réveillée en sursaut avec impossibilité de me rendormir avant 5h. Bref, le réveil fut pénible ! Avec une bonne migraine en prime et les jambes dévorées par les moustiques.
Du coup, cette 3ème étape va être, comment dire... compliquée !
Je décolle plus tard que d'habitude, à 8h. Mon étape n'est "que" de 150 km, alors peu importe.
Après l'Indre, je traverse la Sologne.
Les vignobles laissent peu à peu la place à d'autres cultures. Beaucoup de tournesols, c'est frappant. Mais les disparités entre les différentes orientations des champs et la date à laquelle les tournesols ont été semés font que certaines parcelles sont encore en pleine floraison alors que d'autres déjà fanées et prêtes à être récoltées.
Les blés ont déjà été moissonnés, les maïs attendent leur tour, les tracteurs labourent, l'odeur de la terre me fait l'effet d'une petite madeleine de Proust et me transporte illico dans mes souvenirs d'enfance en vacances dans l'Aube.
Une petite soixantaine de km plus tard et me voici traversant Saint Aignan : le célèbre zoo de Beauval qui s'y trouve a ouvert il y a peu et les premiers bouchons en amont et en aval de l'entrée du zoo me rendent très vigilante. Il faut dire qu'aujourd'hui nous sommes un dimanche.
Je continue ma route, parfois sur de terribles départementales usantes et longilignes, parfois sur des petites routes plus bucoliques. Mais rien de plat.
C'est fou, chaque village traversé est dans un creux, dont il me faut ressortir à chaque fois par de terribles côtes. Courtes, mais raides.
Je suis de mauvaise humeur aussi aujourd'hui... La faute a cette foutue migraine qui me tenaille et aux piqûres de moustiques sur mes cuisses qui ont tendance au fur et à mesure de la journée à faire mauvais ménage avec le silicone du bas de mon cuissard. Bref, ça brûle, ça gratte, et ma tête explose. Hors de question d'avaler un Doliprane, les antalgiques pouvant avoir des effets désastreux sur les reins en cas de déshydratation comme c'est plus ou moins mon cas tant je transpire sur ces étapes.
Je longe le magnifique manoir de Contres, puis le château de Cheverny, celui de Chambord ensuite. Heureusement que ces belles demeurent me redonnent le sourire !
Après 5 bonnes heures à pédaler je traverse enfin la Loire.
J'emprunte une partie de la "La Loire à Vélo", même si à un moment donné le macadam laisse la place à une sorte de terre battue crayeuse dont je me demande à chaque tour de roue si je ne vais pas subir une crevaison ! Heureusement que je suis en section de 28 mais je préfère remonter sur la route, la chance m'ayant épargné jusque là tout problème mécanique et autres.
Beaugency, splendide ! Orléans se rapproche. Le point de chute du jour.
Enfin, pas exactement Orléans, la périphérie, et ce soir je dormirai dans un Kyriad là aussi bon marché. J'avale enfin le sachet repas "au cas où" à mon arrivée dans ma chambre, chouette, 250 gr de moins à trimbaler demain et j'avale mon Doliprane. Repos devant la télé, je m'informe des dernières nouvelles, il y a une semaine que je n'avais pas allumé un poste.
Bien dormi, je me réveille en forme et sans réveil, la migraine a disparu. Il fait gris et un peu frisquet.
Je traverse Orléans, fais attention aux multiples rails du tramway, à la circulation de ce lundi matin de tous ceux se rendant à leur travail. Je suis chanceuse dans mon "malheur". Poumons de merde mais santé de fer, à condition que je ne "LA" chope pas ...
Youpiiiii !!! C'est la dernière ! La plus courte aussi. Et mon sac à dos s'est terriblement allégé, ayant eu la bonne idée ce matin (mieux vaut tard que jamais ! lol) de caser les quelques barres énergétiques me restant dans ma sacoche de cintre.
Orléans passé je quitte progressivement le Val de Loire pour arriver dans la Beauce.
Pour faire passer ma migraine d'hier qui était aussi certainement due à un début de déshydratation, j'ai bu 1,5 litre de flotte dans la soirée et un peu la nuit. Et comme le ciel a décidé de rester gris ce matin et que du coup je transpire à peine, ben mes reins ont bien relancé la machine et je suis obligée de m'arrêter toutes les heures max pour soulager ma vessie.
Je suis encore dans les champs, le décor change peu à peu.
Je remonte lentement mais surement vers Paris.
Mon ami Anto à qui j'envoyais chaque soir le parcours de l'étape du lendemain, avait été désespéré en découvrant le tracé de cette dernière étape, allant jusqu'à me proposer de rallonger un peu en passant plus vers l'ouest jusqu'à Saint Germain en Laye où il travaille et de me ramener ensuite en voiture.
Je décline sa proposition. Au moins je vais découvrir la banlieue sud ! lol
Et puis traverser Paris j'aime bien. Je suis habituée. Pas avec ce type de vélo, non, avec mon vélo urbain, mais j'y circule ainsi depuis plus de 20 ans alors j'ai acquis quelques réflexes ...
Je pensais quitter la cambrousse en arrivant sur Etampes, mais je suis agréablement surprise car pas du tout ! Je roule maintenant dans la vallée de la Juine et c'est très joli. Il faut dire que je longe le parc naturel du Gâtinais.
Au bout de 3h je déboule dans un bourg "Morigny-Champigny", et là je n'en crois pas mes yeux, mais se déroule une procession en l'honneur de la Vierge Marie !!!
C'est la Saint Barthélemy aujourd'hui alors ils sont peut-être partis depuis le 15 août dernier ??? En tout cas j'ai droit à des "Que Dieu vous bénisse" durant 10mn avec des grands sourires très chaleureux, et vous savez quoi ? Ça fait chaud au cœur !
C'est un peu plus haut que ça se gâte ... Longjumeau, Antony, Montrouge, des noms de villes qui ne font pas rêver. Je change de monde. Je longe la nationale 20 hyper fréquentée sur une piste cyclable plus ou moins praticable alors je ne suis pas très rassurée. Vivement Paris ! Enfin, la Porte d'Orléans. Je n'ai plus besoin de mon GPS maintenant.
J'ai une envie pressante depuis quelques km, mais impossible de me soulager dans la banlieue sans risquer la peine de mort, alors je me retiens...
Port Royal, La Sorbonne, je traverse l'Ile de la Cité par le pont au Change, Châtelet, tiens le square de la Tour Saint Jacques ! Il doit bien y avoir un buisson tranquille ? Ah ben non, le soleil a refait son apparition depuis 1h et le square est bondé. Tant pis.
Je traverse la capitale quasi en ligne droite du sud vers le nord.
Gare de l'Est, gare du Nord, je prends le train ? NON !!!
Porte de Clignancourt à slalomer à travers les voitures qui sont là pour les Puces, Carrefour Pleyel, Saint Denis, Epinay-sur-Seine, la banlieue nord oui, mais qui aime le vélo !
puis le Val d'Oise et puis mon chez moi. WELL DONE !!!
Ça y est, c'est terminé, 645,86 km exactement en 28h.
je suis tout autant contente et satisfaite d'être arrivée à bon port que déjà nostalgique de cette "aventure".
Belle introduction à de futurs voyages à vélo. Je rêve d'horizons plus lointains, de parcours plus longs, d'un nouveau vélo ...
Bon, et maintenant que vais je faire ?
Des milliers de projets ont foisonné dans mon esprit durant ces 4 jours. Rouler seule, évidemment, est propice à l'introspection. J'en réaliserai certains, d'autres pas, qu'ils soient sportifs ou non d'ailleurs.
Mais à l'aube de la soixantaine, j'ai toute la vie devant moi non ?