AQUATHLON D'AIX LES BAINS 2017

Toujours à la recherche d'une petite "compèt'" à faire sur les jours off de mon agenda professionnel ultra rigide, je tombe sur cet aquathlon à Aix les Bains organisé le jour de la fête nationale. Je ne connais pas Aix et en quelques clics je valide mon inscription + un hôtel repéré à proximité du site de l'épreuve + des billets aller-retour en TGV.

Départ prévu l'avant-veille histoire d'en profiter un minimum et de prévoir une éventuelle reconnaissance du parcours, et retour le soir même du 14 juillet car je retravaille dés le samedi. Une collègue a la gentillesse de me remplacer le 12 car les TGV de nuit n'existent plus et je terminais en principe à 20h ce jour là.

Ce qui est chouette me dis-je dans un premier temps, c'est que je n'aurai que peu de bagage à transporter contrairement à un triathlon, car pas de vélo sur un aquathlon c'est seulement nage + course à pied. S'il n'y avait pas eu Fred (Poirier) pour m'aider à transporter mon spad afin de participer au triathlon de Nice (finalement annulé mais ça c'est une autre histoire ...) avec un aller-retour en TGV il y a deux ans, je ne sais pas comment j'aurais fait ...et là je pars solo.

Mais ... elle est jolie la région, et puis il va faire beau, et puis je vais avoir du temps de libre ...

Je le prends ou pas mon Spé ??? Finalement j'opte pour une location sur place dans un magasin repéré à l'avance sur la toile et chez qui je téléphone pour être certaine qu'ils auront bien un vélo à ma taille à me louer sur place. 

Mais quand même, mon matos cap + natation + vélo (et encore je ne prends pas mon casque !) + le reste ne tient pas du tout dans mon sac à dos spécial triathlon !!! Bon ben je me trimballerai mon gros sac à roulettes ...

J'arrive à Aix en tout début d'après-midi. Un coup de massue m'assomme à la sortie du train : la chaleur !!! Il fait au moins 30°, pas du tout comme les températures + le petit crachin quittés à Paris le matin. L'hôtel n'est qu'à 2 km mais j'opte pour un taxi car sinon je serai totalement vidée avant même d'y arriver ! Le gars de la réception est cool car j'arrive bien plus tôt que le check in prévu à 17h. Ma chambre est prête mais pas de clim, juste un ventilo planté au milieu. Il manque un volet et les fenêtres ne sont pas à double vitrage ... pas grave ? Ben en fait un peu si : aujourd'hui commence le festival musical Musilak et de 15h à 3h du mat' du gros gros son va être prévu à quelques centaines de mètres plus haut le long du lac du Bourget.

Oui c'est cool ici. Mon hôtel est juste en face du lac, juste en face de la plage du Rowing où sera installée la future aire de transition vendredi et le retrait des dossards. Oui mais ... entre les deux une bien belle nationale à 4 voies avec beaucoup, beaucoup de circulation !!!

Et puis surprise : mon hôtel est lui aussi festif !!! Je sens que les boules Quiès ne vont pas suffire ... mais a t-on déjà déploré des noyés pour cause de nuits blanches (non alcoolisées !) ?

Je profite de ce début d'après-midi pour aller me balader dans Aix, visiter les 2 casinos qui s'y trouvent et où travaille l'un de mes ex collègues, fixer un rdv déjeuner pour le lendemain avec ma cousine chérie Emilie qui habite Annecy ,et faire quelques courses alimentaires pour mes prochains repas histoire de ne pas exploser mon budget.

La plage du Rowing se remplit peu à peu de familles venant s'y ressourcer après leur journée de travail. Le jour décline et j'en profite pour caser un entraînement de course à pied en allant courir le long du lac sur la piste piétonne qui sera notre parcours vendredi. 5km aller puis demi-tour, soit 1 km de plus que le jour J. J'ai le vent de face tout le long du retour, ce qui confirme ce que m'avait expliqué l'un de mes boss originaire de la région et qui a l'habitude de la survoler en planeur. Et effectivement le vent est toujours orienté nord-sud, ce qui occasionne de la houle à la surface du lac qui sera de 3/4 de dos à main gauche durant notre traversée.

D'ailleurs plus on descend vers la pointe sud du lac plus le vent se renforce, à la grande joie des adeptes du windsurf !

J'en profite ensuite pour pic-niquer et m'imprégner de ces lieux si apaisants devant le coucher du soleil...jusqu'aux premiers "boom boom" des baffles un peu plus loin ! lol

On le devine à peine, le château médiéval du Bourdeau situé juste en face et qui sera notre point de départ en natation

Jeudi 13. Je me fais violence pour me réveiller tôt malgré une courte nuit due au bruit. Petit déjeuner frugal afin d'être dans l'eau à 9h pour un petite reconnaissance de la natation dans ce lac. Mon thermomètre indique 24,5° ... M... !!! Pas de refroidissement prévu à la météo et demain à la même heure l'eau sera certainement à la même température. Pas de panique j'enfile ma combi et pars nager jusqu'à la bouée droit devant située à 400m. Je prends les vagues générées par la houle en pleine face. Pas grave demain ce sera en sens inverse, d'ailleurs mon retour va me mettre en conditions réelles. Difficile d'apercevoir la plage en ligne de mire. Je me fie à des peupliers en bordure de celle ci beaucoup plus faciles à repérer entre deux up and down dans l'eau. Impec, j'ai nagé 1200m sans soucis et sans boire la tasse malgré la houle. 

Le temps de me doucher, de rincer ma combi et je file rejoindre Emilie pour le déjeuner. Petite ballade digestive au bord de ce lac que je ne quitte plus en refaisant le monde et en nous remémorant nos tendres souvenirs d'enfance.

Au départ de ma cousine je file me changer en tenue de cycliste et pars récupérer le vélo que j'ai réservé. C'est le vélo perso du vélociste d'ailleurs. Un Orbea tout carbone, roues comprises. Un pur bonheur. Le temps de le régler un minimum et c'est parti. Il est déjà  plus de 16h et le magasin ferme à 19h. Pas le temps de visiter la région au petit bonheur la chance. J'ai dans l'idée de grimper jusqu'au col du Mont Revard situé à 1500m d'altitude et où une vue magnifique sur l'ensemble du lac s'offre depuis un belvédère situé à son sommet. 

La route est propre, ça grimpe direct et ce sur 21 km exactement, jusqu'au bout. Des portions entre 5% et 8,5%. Je mouline bien et monte doucement mais surement. Par contre la potence du vélo est beaucoup trop longue pour moi et je suis obligée de toujours me repositionner sur la selle ce qui m'occasionnera une belle douleur à la fesse à l'arrivée ! Je monte en 1h45, profite du paysage, mais pas longtemps car il fait frisquet là haut ! Je connais bien ce coin, le Revard, la Feclaz juste après, pour y avoir souvent couru avec mon attelage de huskies à mon époque "musher" ... il y 30 ans !

La descente est beaucoup plus rapide, surtout avec les bons conseils de mon Fanfan en tête : mains en bas du cintre je file, et puis les virages ne sont pas trop serrés. J'arrive à la boutique en 30mn.

Re douche. Je commence à préparer mes affaires pour le lendemain. J'imagine les deux sénarii, combi ou pas. Je suis quasi certaine d'arriver à nager les 3000m sans, mais beaucoup moins quand au délai imparti (1h45 max).

Avec, pas de souci : il y a une semaine je nageais la distance aux étangs de Cergy en 1h07.

Je n'ai aucune angoisse pré course comme avant, preuve que la page est définitivement tournée. Ma seule inquiétude réside sur ma capacité à me réveiller à 5h30 après une nuit qui sera encore certainement courte (chaleur et bruit) afin d'aller chercher mon dossard à l'ouverture prévue à 5h45 et avant le rush. Il n'y a pas eu de remise de dossards la veille comme prévu initialement à cause du festival.

Je suis sur le M bien sur

Jour J.

Je me lève en pleine forme. Un café rapide et je traverse la nationale quasi vide pour rejoindre la plage. Il fait encore nuit. Quelques tentes Quechua avec des festivaliers échoués ici et là. La sono mise en place par l'organisation de l'aquathlon ne peut même pas les réveiller. Ils vont bientôt se faire piétiner par des centaines de triathlètes, mais ils ne le savent pas encore, perdus dans leurs comas éthyliques...

Le directeur de course donne ses dernières consignes aux bénévoles. Je suis la première !

Dossard 181, avec une serviette et un bonnet souvenir. Je regagne ma chambre pour petit déjeuner. Le jour s'est levé, mon dossard accroché à ma ceinture porte bidons, j'ai enfilé ma trifonction TSF, je rejoins la plage à nouveau. Le directeur de course annonce LA décision officielle que tout le monde (ou presque) attendait : l'eau étant à 23,7° les combinaisons sont autorisées. J'ai un "léger" doute sur ce relevé officiel mais bon, il m'arrange bien. Soit l'orga a eu peur de perdre des concurrents en plein milieu du lac, soit effectivement la température de l'eau est un peu plus fraîche de l'autre côté de la rive, car assez tôt baignée dans l'ombre par la montagne dés 17h...

Je prépare mes affaires pour mon unique transition. Il y a du vent et je me doute que le soleil ne va pas tarder à taper fort. C'est la première fois que je participe à un aquathlon mais ce qui m'intéresse particulièrement aujourd'hui c'est surtout de nager pour la première fois un 3000m en compétition ! 

Puis nous sommes tous conviés à nous rendre quelques centaines de mètres plus haut, à la hauteur de l'Aquaparc afin de prendre des bus qui nous amèneront plus loin, à la Capitainerie du Grand Port, d'où nous embarquerons sur 6 bateaux spécialement affrétés pour nous. 

Nous sommes en effet pas loin de 500 à participer ! Mais tout le monde n'est pas sur l'aquathlon : il y en a 131 qui ne feront que la "traversée". C'est en effet une occasion annuelle unique de pouvoir nager dans toute la largeur de ce grand lac du Bourget qui est offerte, car habituellement les nageurs n'ont pas le droit de dépasser les bouées qui délimitent la zone navigable. 

En attendant notre bus je papote avec deux autres concurrents venus aussi solo : une femme d'Annecy qui s'est lancée sur ce défi de l'aquathlon alors qu'elle ne court quasiment jamais mais qui a l'habitude de participer à la "Traversée du Lac d'Annecy" sur le 2000m chaque année toujours le 15 août (j'y avais participé avec Fred il y a deux ans et on avait mis 1h pour cette distance !). Elle nage habituellement en maillot sans combi et là pour l'occasion elle a investi dans une combinaison courte mais de plongée et qu'elle n'a jamais encore testée !

Elle aurait mieux fait de s'abstenir, mais nous sommes tous un peu stressés à quelques minutes du départ et je me garde bien de partager avec elle mon opinion. Je ne la reverrai pas ensuite pour lui demander ses impressions : dommage.

Il y a aussi un jeune trentenaire grenoblois, trailer à la base et qui s'essaye depuis l'année dernière au triathlon. Il veut lui aussi tenter la distance avant d'envisager de s'inscrire à un Ironman en 2018.

Bref, les conversations vont bon train entre nous trois aussi peu expérimentés les uns que les autres ! A la sortie de notre bus nous embarquons sur l'Etoile qui doit nous mener à proximité du château du Bourdeau. Le capitaine ,qui est aussi guide touristique , nous fait un petit topo sur le site, mais nous sommes tous bien trop préoccupés par nos derniers réglages pour l'écouter vraiment. Il faut finir d'enfiler nos combinaisons, mettre notre bonnet et positionner nos lunettes. Le capitaine a même pensé à nous mettre un saut d'eau à bord afin d'y tremper nos lunettes avant le grand plouf !

Je suis devant, mais planquée

Une fois tous les moteurs des bateaux coupés nous avons le droit de sauter dans l'eau. Ca me rappelle Vichy tiens ...Je fais gaffe à ne pas perdre mes lunettes mais du coup je ne pense pas à me boucher le nez et dés mon entrée dans l'eau j'ai le sinus droit qui m'irradie d'un coup. La douleur n'est que passagère, ouf, mais je sais que je suis quitte pour belle sinusite dans les prochains jours ...

Le départ tarde à être donné. Nous avons le droit de nous accrocher aux kayaks chargés d'assurer notre sécurité et je ne m'en prive pas pour éviter de gaspiller de l'énergie à barboter sur place. Je ne suis pas la seule à avoir cette idée et les kayakistes ont un peu en panique !

Heureusement que l'eau est chaude car il y a quand même beaucoup de nageurs qui ont opté pour le maillot de bain uniquement ...

C'est parti !!! Je ne me suis pas vraiment positionnée, mais il y a de la place pour tout le monde sur cette grande étendue d'eau ! Le directeur de course a eu la bonne idée ce matin de demander au responsable de l'Aquaparc de mettre en route le grand jet d'eau qui jouxte son grand toboggan aquatique et qui doit nous servir de point de repère dans notre orientation. Je sais par contre que la plage où nous devrons sortir est située à au moins 200 voir 300 mètres de ce toboggan sur la droite. Je l'avais repéré la veille heureusement car dans l'eau les distances sont trompeuses. 

Tout est trompeur en fait dans l'eau. C'est bien simple, je ne vois rien !!! Il y a trop de clapot, j'aperçois de temps en temps un pied ou un bras, mais c'est tout. Des kayaks certes mais trop loin de moi pour les appeler si je me sens mal. Mais je me rassure en me disant que eux nous voient bien ! Je n'ai à me soucier que de ma nage, de ma respiration et de garder le cap de ce fameux jet au loin. L'organisateur nous a prévenu qu'il avait placé des gros pédalos bouées tous les 500m à partir du premier km. Il y en a même un où il y a un ravitaillement au cas où !!!

Je crois que de toute l'heure où j'ai nagé je n'en ai aperçu qu'un seul, et encore, trop loin à droite. Mais je sens que je nage droit, que ma ligne est correcte, ce que je vérifierai plus tard sur mon tracé GPS. En fait j'aime bien nager, mais qu'est ce que je m'ennuie !!!! Autant en courant je regarde le paysage, là mon horizon se limite à des vaguelettes à l'infini ...Je tente néanmoins de compter toutes les fois où ma montre vibre : je l'ai en effet réglée afin qu'elle m'indique tous les 100m parcourus. C'est bien, ça me permet de savoir plus ou moins où j'en suis et surtout de ne pas me déconcentrer.

Enfin, l'infini pas tout à fait, parce qu'à un moment j'aperçois enfin la grosse bouée qui indique la sortie de l'eau sur la plage. Je tente alors d'accrocher une nageuse (en maillot) en nageant à son flan gauche comme me l'a appris ma copine Perrine du club (prof de nat et championne de France d'aquathlon depuis quelques jours !) afin de profiter de son aspiration. Je tiens 5mn à peine, la fille zigzague trop. Peu importe, je ne me retourne pas à la sortie de l'eau mais il y en a encore qui barbotent je le sais !

Ma montre GPS est en mode triathlon alors faut vite que je bascule jusqu'à la T2. Mon chrono indique 1h11 ,à peine 2mn de plus que la semaine dernière lors de mon entraînement.

Je sors de l'eau à la 311ème position (bon évidemment cette info je ne la connaîtrai qu'une fois les résultats affichés !) sur 392.

Je ne titube pas en courant rejoindre la zone de transition mais je me sens un peu ko quand même ... la preuve c'est que je me goure d'allée pour rejoindre mon emplacement et m'y reprends à deux fois avant de le retrouver ! Je me débarrasse vite fait de ma combi, puis quitte à perdre du temps, j'en profite pour avaler mon gel énergétique sur place et boire un coup avant d'enfiler mes chaussures, positionner visière, lunettes et ceinture porte-dossard/bidons. Heureusement que j'avais quand même repéré la sortie de la transition parce que j'en ai vu d'autres se tromper de sens !

Je suis tellement contente d'avoir réussi cette traversée à la nage que la partie course à pied n'est plus qu'une formalité que je n'arrive même pas à aborder comme une compétition ! Le parcours sur lequel j'ai couru l'avant-veille est ultra plat ou presque et consiste en un banal aller-retour. Il y a du monde partout du coup c'est chouette ! Toutes les allures sont représentées, et je me demande qui de ceux qui courent comme des dératés ont réellement nagé très vite. Perso c'est donc en mode cool que j'aborde cette partie, sans me rentrer dedans mais sans être non plus en footing. Je cours à 11 km/h et termine cet aller-retour de 9 km en 46mn, chrono auquel il faut rajouter les 3mn passées dans la zone de transition.

Mine de rien j'aurai regagné 69 places sur cette partie de course à pied ! 

Je termine avec un chrono total de 2h, à la 299 place sur 392 partants (2 personnes abandonneront après la nage), me classant 23ème vétérane sur 37 et 73ème féminine sur 105.

Le premier homme aura nagé en 34 mn et la première femme en 44 mn (et couru respectivement en un peu plus de 30 mn) ... un autre monde que le mien assurément ! 

une bonne chose de faite !

Je passerai le reste de la journée à attraper des coups de soleil sur la plage entourée d'autres triathlètes, des familles en congé et des festivaliers en attente du début de leur concert du jour.

Retour sur Paris le soir même pour y retrouver mes meilleures amies et fêter ensemble la fête nationale devant le splendide feu d'artifice de la tour Eiffel aux couleurs des jeux olympiques : tout un programme !

Vidéo de 2016 mais c'était tout pareil ou presque !