MaxiCross de Bouffémont 41km (11 février 2018)

Et ben ... Heureusement que j'avais couru Le Fun Trail (18 km) à Jouy-le-Moutier il y a trois semaines afin de me préparer aux terrains bien boueux et glissants !  

Cette seconde semaine de février avait pourtant démarré avec des airs de sports d'hiver, la neige étant tombée en abondance durant deux jours sur notre pauvre Île de France peu habituée à gérer ces conditions hivernales inhabituelles. 

J'en avais profité pour aller courir dans ma forêt chérie (le mercredi), une fois n'est pas coutume, recouverte d'un beau manteau blanc. Et c'est excitée comme un gamine que j'avais parcouru une dizaine de kilomètres histoire de vérifier si mes Hoka (Mafate Speed) accrochaient bien dans la neige. 

Portions parfois un peu trop glissantes, je décidais le lendemain (jeudi) d'y retourner en rajoutant à mes semelles mes Yaktrax (chaines) inutilisées depuis mon marathon au Groenland il y a déjà un peu plus de 5 ans, ainsi que des guêtres.

Mais ce jeudi le sol est gelé, les températures étant encore descendues. La terre et la neige sont dures comme du béton et j'ai parfois l'impression de courir sur de la tôle ondulée sur les traces occasionnées par les VTT ou les véhicules forestiers. Ma cheville droite subit, et restera douloureuse 48h.

Le Maxicross dimanche s'annonce comme un vrai "trail blanc", certains s'en inquiètent sur la page Facebook dédiée à l’événement. Il faut dire que quelques coureurs viennent de loin courir cette épreuve qui a gagné en notoriété au fil des années et le trajet peut vite s'avérer compliquer en cas de verglas. Mes photos du Château de la Chasse sous la neige font le buzz, et du coup j'échange quelques impressions avec d'autres inscrits.

Le Château de la Chasse le mercredi 07 février

Je passe récupérer mon dossard à la boutique "Cap Marathon" de mon copain Laurent et prend aussi celui de mon amie Marie que j'ai embarqué dans ce trail.

Marie est une traileuse de l’extrême. Je l'avais rencontrée en 2003 sur la Corsica Coast Race et depuis notre amitié perdure.
 

Nous nous sommes inscrites cette année sur les 80 km de l'Ecotrail le mois prochain et ce Maxicross tombait bien dans le cadre de notre préparation.

L'organisation propose aussi un 10 km qui se court le samedi, et cette année là effectivement ce sera soleil, froid et neige au programme ! Ils ont du se régaler ...

Marie n'a jamais eu l'occasion de courir "sur mes terres" et j'ai hâte de lui faire découvrir la forêt de Montmorency. Nous nous retrouvons chez moi le samedi soir après ma journée de travail et décidons de nos tenues respectives pour le lendemain car ... la pluie s'est invitée en fin de journée, le redoux aussi, et je n'ose imaginer dans quel état seront les sentiers demain ...

Couchées tôt, lever en pleine nuit à 4h45, petit dèj' , et c'est parti pour Bouffémont à 30 mn à peine en voiture. Nous nous garons facilement à proximité du gymnase. Il fait 5° c'est supportable. Je termine de me préparer et fais la connaissance de Yannick venu me saluer qui avait échangé quelques mots avec moi sur Facebook.

7h, le départ est donné pour les quelques 800 coureurs au départ. Je pars prudemment, pas trop le choix en même temps, je suis un vrai diesel maintenant et en plus on se tape 2 km de côte dés le début.

Un peu de route jusqu'au cimetière de Bouffémont puis nous rentrons dans le vif du sujet : la forêt. Il fait nuit noire et nos frontales donnent une ambiance toute particulière à notre peloton.

Premier constat, et non des moindres, s'il y a bien de la neige dans les sous bois, les chemins que nous empruntons sont bien boueux. je ne tente même pas d'éviter les trous d'eau, je sais d'avance que ce sera comme ça sur une bonne partie du parcours. J'étais même un poil optimiste sur ce coup là ...

J'adore cette première heure dans la nuit. Le jour se lève progressivement, je regrette de ne pas être matinale car le spectacle est tout simplement féerique avec la brume qui a du mal à décrocher du sol.

Bref je kiffe ces deux premières heures. 

Ensuite, ben je m'accrocherai.

Je ne cours jamais seule, mais vu l'état du terrain nous n'avons pas d'autre choix que de courir en file indienne.

Enfin "courir" est un grand mot car je subis par la force des choses l'allure de ceux qui me précèdent. Et lorsqu'une côte s'annonce et bien tout le monde marche.

 Impossible de doubler, les sentiers sont trop étroits ou en devers. Je ne me pose pas vraiment la question car ce Maxicross promet 1700m de dénivelé positif !!!

Alors autant marcher si l'on veut aller au bout, et puis ,comme dire ... les appuis sont un peu "fuyants" voyez vous ...

Marie et moi avons décidé de faire chacune notre course.

Marie est moins rapide que moi en courant mais question marche elle fait deux pas quand je n'en fais qu'un !

Nous avions eu l'occasion de randonner ensemble une semaine dans le Jura il y a quelques mois et j'avais le plus grand mal à la suivre.

Je me dis que sur ce terrain où nous marchons beaucoup elle va pouvoir tirer son épingle du jeu. Nous avons bien fait de ne pas nous encombrer de nos Yaktrax !

Par contre je regrette un peu mon choix de ne pas avoir pris mes bâtons ... 

Je ne vais pas vous détailler les 41 km, mais pour résumer ça monte, ça monte, ça descend, ça monte,etc

A un moment donné un copain de mon club du TSF me double . Il s'agit de Jean-Marie Bernard, un triathlète de l'extrême, et ultra baroudeur en son genre lui aussi. Super sympa il prend le temps de me claquer la bise et repart de sa foulée ultra efficace. Il terminera ce trail en 5h.

Ça me fait un bien fou de l'avoir croisé. Je me sens un peu seule cette fois ci et j'en ai un peu marre de m'auto encourager continuellement. J'aime être portée par mes amis et le chemin de croix est fort long ce matin.

Je sais d'avance que mes prévisions de terminer en 5h sont à l'eau. Enfin, elles sont dans la boue plus précisément. De la boue, que dis je ,des torrents de boue oui !

J'ai chargé ma poche à eau de 1,5 l de boisson énergétique, et j'ai deux flasques de 500ml sur les poches de mon sac à dos. Un gel par heure, je serai peut être un peu à court sur la dernière heure, on verra.

Mes amis m'ont fait faux bond sur ce coup là et je n'ai trouvé personne pour m'aider aux ravitaillements, je suis donc en auto-suffisance totale. Pas grave j'ai l'habitude, et sur ce genre de distances je peux encore assurer. Pas envie de boire de l'eau glacée aux ravitaillements, je préfère encore m'abstenir que de risquer des maux de ventre.

Je reconnais certains sentiers que nous empruntons, j'en découvre d'autres. 

Nous traversons Montlignon et je me souviens de l'année dernière des endroits où je m'étais postée pour encourager mes amis : les conditions climatiques sont à l'opposé !

Au dernier ravitaillement j'en profite pour attraper une barre de céréales au cas où... 

Sur les hauteurs de Montlignon, au km 28, je découvre la fameuse "Vierge Noire" érigée en 1901 par un moine propriétaire du château Larive (près de la route de la Seigneurie).

Je n'ai pas l'habitude de courir sur cette section et j'avoue que l'apparition de cette statue haute de 1,70m entourée de fleurs posées dans la neige me transporte un court instant dans une autre dimension plus spirituelle celle ci.

Puis c'est le retour sur le domaine du Château de la Chasse.

Beaucoup de marcheurs dans la grosse montée qui part du parking. En fait nous avons rejoint le parcours des coureurs du 25 km (partis un peu plus tard que nous ) depuis quelques kilomètres et du coup la file est encore plus dense.

Le Château de la Chasse le dimanche

Je suis derrière plusieurs  filles du 25 km qui marchent. Je déploie pas mal d'énergie à les doubler, on approche du 30ème km.

En haut de la côte, au détour d'un chemin j'ai la surprise de croiser les copains du club partis faire du VTT ce matin. Aurel est en tête, il me crie : "alors, pas trop galère ce trail ?"

Je confirme !!!

Je prends ce bref échange à nouveau comme un encouragement.

J'aurais aimé voir une tête connue lors de ma traversée sur le parking quelques instants plus tôt, mais non ...

Et puis arrive le 'M" tant redouté : le "M" décrit une succession de côtes et de descentes fort raides, que l'on ne peut aborder qu'en s'accrochant à la corde qui longe le terrain. Un gars me conseille de descendre en marche arrière, super idée. Du coup je descends vite en bondissant comme en rappel.

La montée sera plus folklorique.

Pas de chute mais une belle frayeur en dérapant. Il y a certains endroits si raides que je ne sais même pas où m'accrocher pour grimper : alors je progresse à quatre pattes, les deux gants dans la gadoue et je grappille ainsi mètres après mètres ...

Les montagnes russes

Je retrouve un peu la pêche sur les derniers kilomètres. Hâte d'arriver sans doute.

J'espère en ultime soutien voir enfin mon meilleur ami m'attendre à l'arrivée. Pfff, tu parles d'un ami, nobody, il a préféré rester au chaud. Je me vengerai na !

Par contre je retrouve avec grand plaisir ma copine Valérie du club, qui en terminé sur le 25 km. Nous ne sommes pas très nombreux du TSF ce matin ...

L'organisation nous offre une bière du Vexin à l'arrivée. Je me la réserve pour plus tard. Le vent est glacial et je n'ai qu'une hâte c'est récupérer mes affaires et ensuite attendre Marie au chaud dans la voiture. Quelques personnes déçues font la queue devant moi ...Elles ont été mises hors course au 30 ème kilomètre par l'organisation, car hors délai (la barrière horaire totale a été fixée à 7h) et rapatriées au gymnase. J'espère que Marie a pu passer.

En attendant je retrouve une autre super copine, Marie Prioux, pas croisée depuis l'année dernière au même endroit. On se raconte nos vies de ces 12 derniers mois et promettons de vite nous retrouver. Bon, au passage elle a remporté le trail du 10 km hier et s'est classée seconde sur le 25 aujourd'hui !

Marie termine pile en 6h58. ouf !!! Elle se classe première de sa catégorie, et j'avoue que je suis plus qu'admirative de sa ténacité car des femmes de son âge sur ce type d'épreuve il n'y en a pas ! Et dire que l'été dernier elle se tapait les 170 km du Golf du Morbihan ...

Pour ma part j'aurais mis 5h38 très exactement. Moi aussi je suis première de ma catégorie. La belle affaire, nous n'étions que 5.

Je me classe 353ème sur 660 finishers et 14 ème féminine sur 52.

Et maintenant montée en charge en vue de l'Ecotrail !!!